Le paradoxe du GNL en France

La consommation de gaz de la France a connu une baisse significative, atteignant son point le plus bas depuis une décennie en août 2023. Cependant, curieusement, le pays continue d’investir massivement et de développer ses infrastructures de GNL. Cette situation amène naturellement à s’interroger sur les raisons d’une telle expansion face à une utilisation réduite.

Au lendemain du conflit en Ukraine, la France, aux côtés de plusieurs pays européens, a pris des mesures pour réduire la consommation de combustibles fossiles. L’objectif était de minimiser la dépendance à l’égard de certains approvisionnements extérieurs en gaz, ce qui a conduit à un effort concerté pour trouver d’autres sources d’importation. Cependant, il convient de noter que même si la France s’éloigne de certaines importations par gazoduc, le pays a toujours importé du gaz naturel liquéfié (GNL) provenant de diverses sources.

Selon les données d’Eurostat de 2022, la France a dépensé un montant record de 32 milliards € en importations de GNL. Ces dépenses ont été réparties entre plusieurs pays:

  • États-Unis: €16,0 milliards;
  • Qatar: €3,2 milliards;
  • Algérie: €2,4 milliards;
  • Angola: €1,4 milliard;
  • Norvège: €1,2 milliard.

Au-delà de simples importations, la France est également une plaque tournante des transbordements de GNL destinés à différents marchés. Plus précisément, le terminal GNL français de Montoir-de-Bretagne a vu le transbordement de 1,68 milliard de mètres cubes (bcm) de GNL en 2022 et de 0,89 Gm3 supplémentaires entre janvier et juillet 2023.

L’avenir semble s’orienter vers davantage d’expansion. La France envisagerait à la fois d’augmenter la capacité de ses terminaux GNL actifs et d’améliorer la capacité de certains gazoducs internationaux, voire même de modifier leur direction d’écoulement.

Il est intéressant de noter que même si la France double ses investissements dans les infrastructures gazières, ses modes de consommation racontent une histoire différente. GRTgaz met en avant une baisse de la consommation de gaz de 9% en 2022, l’attribuant à des facteurs tels que des conditions climatiques plus clémentes, des prix élevés et une moindre consommation des ménages. Les habitudes de consommation du premier semestre 2023 étaient également inférieures à celles des périodes correspondantes des deux années précédentes. En août 2023, les données €tat montraient une baisse significative de la consommation de gaz, la marquant à 1,351 milliard de mètres cubes.

En outre, la France a joué un rôle actif dans l’exportation de gaz vers les pays voisins. Ces modèles d’exportation varient selon les saisons et sont dirigés vers des pays comme

  • l’Espagne,
  • la Suisse,
  • l’Italie,
  • la Belgique,
  • les Pays-Bas,
  • le Luxembourg
  • l’Allemagne (depuis 2022).

Ces derniers mois, les exportations de gaz vers la Suisse et l’Italie ont sensiblement augmenté. Toutefois, ces exportations accrues ont été contrebalancées par une augmentation des importations, notamment en provenance d’Espagne.

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By Geneve